jeudi 1 février 2018

Les hommes : à quoi sont-ils bons ?

Article original de Dmitry Orlov, publié le 25 janvier 2018 sur le site Club Orlov
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

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Quelles sont les principales fonctions masculines pour survivre à n’importe quel scénario d’effondrement ? Je crois qu’elles se limitent à cinq, que j’appellerai être bon bricoleur, avoir le sens de l’orientation, protéger, approvisionner et être le chef.

À l’époque où je grandissais en Russie, mon grand-père avait un ensemble de figurines – des hommes et des femmes vêtus de costumes traditionnels, un couple pour chacune des 15 républiques socialistes soviétiques. Les couples ouzbeks, tadjiks et turkmènes d’Asie centrale étaient particulièrement colorés, mais même les Estoniens d’Europe de l’Est, les Lettons et les Lituaniens étaient intéressants à regarder. Dans chaque cas, les hommes et les femmes avaient l’air plutôt différents. Cela avait du sens parce que, traditionnellement, dans chaque cas, les hommes et les femmes vivaient relativement séparés. Les hommes passaient du temps avec d’autres hommes à faire des choses viriles ; les femmes passaient du temps avec d’autres femmes et de jeunes enfants à faire des choses féminines. C’était un arrangement normal dans le monde entier, faisant de la séparation des préoccupations entre les sexes un bon candidat pour devenir un universel culturel.

 
Mais ce n’est plus le cas dans la société moderne, où les deux sexes se contentent d’appuyer sur des boutons. Il existe encore quelques différences professionnelles : les infirmières sont surtout des femmes ; les programmeurs informatiques sont principalement des hommes. Il existe une base biologique pour expliquer ces différences professionnelles, bien que beaucoup de gens détestent l’idée qu’elle existe parce que cela perturbe leur récit sur l’égalité des sexes. Il y a aussi une différence de revenus : les femmes gagnent moins que les hommes, et bien que la discrimination puisse y être pour quelque chose, un facteur biologique intervient également : les tests psychologiques montrent que les femmes sont en moyenne plus douces tandis que les hommes sont plus agressifs. Ce facteur peut expliquer une grande partie de l’écart statistique dans la rémunération.

Cette constatation est également susceptible de provoquer beaucoup de consternation parmi les champions de l’égalité des sexes. Donc, avec les temps modernes (que je vais caractériser comme un cas très spécial dans l’Histoire), les différences biologiques entre les sexes ne comptent plus beaucoup. Même les préoccupations spécifiquement féminines, telles que le soin des bébés et des jeunes enfants, sont communément sous-traitées à des professionnels. La liste des occupations qui sont fermées aux femmes continue à se rétrécir et peut même se résumer à un seul métier : utiliser un marteau-piqueur, car le fait de faire fonctionner un marteau-piqueur endommage les ovaires, si l’opérateur en a. Mais même cela peut ne pas importer, puisque des adaptateurs pour marteau-piqueur sont devenues courants.Ce qui définit notre époque comme moderne, c’est l’utilisation généralisée des machines pour pratiquement toutes les tâches qui étaient auparavant effectuées à la main. La récolte, le battage et le vannage du grain sont faits par des moissonneuses-batteuses. Le filage, le tissage et la couture des vêtements sont réalisés par une suite complète de machines. La lessive est faite à l’aide de lessiveuses et de séchoirs mécaniques au lieu d’une planche à laver et d’une corde à linge. L’eau est pompée dans les maisons plutôt que transportée depuis des puits dans des seaux. La chaleur est générée en basculant un interrupteur ou en tournant un bouton plutôt qu’en récoltant du bois, en le sciant, en le fendant et en alimentant un poêle. La production alimentaire peut être délaissée à des régions éloignées, car les aliments frais peuvent être livrés sur de grandes distances par avion ou par camion réfrigéré. Les lettres sont livrées par voie électronique plutôt que par pony express. Cette liste peut être étendue virtuellement à l’infini. Un progrès infini dans ce sens peut sembler inévitable pour le moment, mais je trouve assez facile de démontrer que cette période « moderne » est temporaire et qu’un retour à la norme sera soudain et, pour la grande majorité des gens, arrivera de façon inattendue. Si ce n’est pas une nouvelle pour vous, alors sautez plus bas ; si c’est le cas, lisez la suite.

Ce qui rend possible toute la mécanisation et l’automatisation ne tient à qu’à une chose : l’énergie provenant des combustibles fossiles, du pétrole brut et du gaz naturel en particulier. Bien qu’il soit prévu que dans quelques années près d’un quart de la production mondiale d’électricité provienne de sources renouvelables, il est important de regarder ce chiffre dans son contexte. En 2016, seulement 18% de la consommation mondiale d’énergie était sous forme électrique, tandis que 80% provenaient de combustibles fossiles. Si le rapport entre l’électricité et la consommation totale d’énergie reste relativement constant (comme ce sera probablement le cas), à l’horizon 2020, 4,5% seulement de la consommation totale d’énergie proviendra de sources renouvelables ; le reste viendra des combustibles fossiles et d’autres ressources non renouvelables. Et même si ce nombre peut être légèrement augmenté, certains faits font obstacle :
  • L’ensemble de la chaîne d’approvisionnement pour les technologies d’énergie renouvelable utilise des combustibles fossiles et des matières premières pétrochimiques pour des domaines tels que l’exploitation minière, la fusion des métaux, la fabrication, le transport et la construction.
  • Une grande partie des machines, des voitures, des navires, des camions, des avions et du matériel de construction fonctionnent avec des types de carburant spécifiques et les remplacer par de l’électricité serait soit impossible soit prohibitif. Si un nombre important de voitures passaient à l’électricité, cela perturberait le marché de l’essence (qui représente à peu près la moitié de ce qui peut être physiquement produit à partir d’un baril de pétrole), augmentant le prix des autres carburants (distillats pétroliers et carburéacteur) et cela augmenterait considérablement les coûts dans ce secteur.
  • En ce moment, la production d’énergie consomme un pourcentage significatif du PIB (environ 10% dans le cas des États-Unis), et ce pourcentage continue d’augmenter à mesure que les sources d’énergie faciles à exploiter s’épuisent et que des ressources coûteuses (telles que le schiste ou l’offshore profond) leur sont substituées. Ainsi, les ressources financières à investir sur la construction à grande échelle de l’infrastructure des énergies renouvelables n’existent tout simplement pas.
  • Enfin, il convient de noter que le taux de remplacement des réserves mondiales de pétrole et de gaz ne s’élève actuellement qu’à 11% : le monde brûle près de 10 fois plus de pétrole et de gaz qu’il n’en trouve. Cela fait partie d’une tendance à long terme. La plupart des nouvelles découvertes sont faites en Russie, qui a encore quelques espaces à explorer en raison de l’immensité de son territoire, dont une plus grande partie est devenu facilement accessible au cours des dernières années en raison du réchauffement rapide du climat causé par la combustion des combustibles fossiles.
  • Pour continuer à fonctionner, l’économie mondiale et la grande majorité des économies nationales ont besoin d’un accès au crédit ; en retour, l’argent prêté à intérêt devient impossible à rembourser sans croissance économique ; de plus, la croissance économique nécessite une utilisation accrue d’énergie. Mais le taux de remplacement des réserves de seulement 11% indique que la croissance de la production d’énergie ne durera pas beaucoup plus longtemps et que l’on va connaître des hausses de prix, des pénuries physiques, une panique financière mondiale et des effondrements économiques dans chaque pays quand l’accès au crédit, et donc au commerce international et au commerce intérieur, va être coupé.
Pour un traitement complet sur ce qui s’ensuit généralement, s’il vous plaît, lisez mon livre Les cinq stades de l’effondrement. Pour récapituler rapidement, les trois premières étapes − les effondrements financiers, commerciaux et politiques − sont inévitables ; les deux derniers effondrements sociaux et culturels sont évitables, bien que l’on puisse dire que dans de nombreuses sociétés avancées et progressistes, ils ont déjà suivi leur cours. L’achèvement des cinq étapes de l’effondrement entraîne soit l’extinction, soit un sort pire que la mort.

Ainsi, la période pendant laquelle les machines font presque tout notre travail alors que nous, garçons et filles, pouvons porter les mêmes jeans, t-shirts et espadrilles et tourner autour de boutons poussoirs ou nous baguenauder devant des écrans tactiles, va tourner court et plutôt vite. Connaître ce fait peut motiver certains d’entre nous à prendre des mesures volontaires afin de nous placer, nous, nos familles et nos communautés, sur un chemin qui nous donnera une chance de survivre à ce retour à la norme « naturelle ».

La norme, illustrée par les figurines ethnographiques de mon grand-père, avec des hommes et des femmes en tenues différentes, profite pleinement du dimorphisme sexuel humain parce que, j’ai de bonnes raisons de croire que dans un monde relocalisé et décentralisé où presque chaque tâche est faite à la main, la séparation entre les hommes et les femmes est une valeur clé de la survie.
Virtuellement, presque toutes les différences physiologiques entre les hommes et les femmes ont tendance à être importantes dans une certaine mesure pour déterminer les rôles que les hommes et les femmes choisissent de jouer. En commençant par la moins controversée, les hommes sont physiquement plus grands. Selon diverses études, les femmes sont plus grandes que les hommes dans moins de 5% des couples. La différence moyenne de hauteur est d’environ 15 cm. Les hommes ont des muscles significativement plus gros, des os et des ligaments plus épais et deux fois la capacité pulmonaire des femmes. Cela les rend naturellement mieux adaptés aux tâches nécessitant une force brute.

Mais les différences physiologiques les plus importantes entre les hommes et les femmes ont à voir avec le système nerveux. Fondamentalement, les hommes et les femmes sont câblés différemment. Les hommes ont un hippocampe plus grand, ce qui leur donne de meilleures capacités mécaniques, de la mémoire spatiale et des capacités de raisonnement spatial. Ils ont aussi une plus grande amygdale, qui contrôle les réactions à l’excitation émotionnelle et au stress, ce qui les rend beaucoup plus capables de prendre des décisions en une fraction se seconde et faire face au stress aigu. Chez les hommes, le traitement linguistique a tendance à être isolé dans un hémisphère tandis que l’autre effectue des tâches non linguistiques, alors que chez les femmes le langage est traité dans les deux hémisphères avec une intégration nettement plus étroite entre les deux. Avec la force brute, la mémoire spatiale, le raisonnement et une meilleure capacité à faire face et à se remettre d’un stress aigu, on a fait plus ou moins le tour des avantages d’être des hommes.

Les avantages d’être une femme sont plutôt plus nombreux. Les femmes ont un meilleur sens du toucher, du goût et de l’odorat, un meilleur contrôle moteur, une meilleure vision périphérique, une meilleure capacité de mémorisation des noms, visages, dates et autres détails personnels, une meilleure conscience sociale, une meilleure capacité d’empathie, de communication pour trouver des compromis, éviter les conflits, de meilleures capacités à faire face à un stress chronique de bas niveau. Du côté négatif, les femmes sont significativement plus susceptibles de souffrir de dépression, d’anxiété et de troubles de stress post-traumatique.

Dans l’ensemble, les femmes sont parfaitement capables de faire à peu près tout ce qui doit être fait alors que les hommes sont nécessaires pour quelques tâches spécifiques, et aucune de ces tâches n’est particulièrement importante ou critique dans ces temps modernes. En fait, pour le moment, être une femme est réellement avantageux. Les filles ont tendance à mieux se comporter et à être plus obéissantes et coopératives que les garçons. En conséquence, moins de filles ont des problèmes à l’école, moins de filles abandonnent leurs études et un plus grand nombre d’entre elles obtiennent un diplôme d’études supérieures (60% des diplômés aux États-Unis sont des femmes). Les garçons sont souvent traités comme des filles manquées et sont disciplinés, ou même médicamentés, pour agir comme des filles. Presque inévitablement, ils abandonnent et échouent dans la vie, ou ils grandissent et finissent par devenir des hommes brisés. Ils ne seront pas assez masculins pour être en mesure d’assumer des fonctions masculines clés dans la société après l’effondrement.

Quelles sont ces fonctions masculines clés ? Je crois qu’elles se limitent à cinq, que j’appellerai être bon bricoleur, avoir le sens de l’orientation, protéger, approvisionner et être le chef. Aucune d’entre elles ne va être trop difficile à expliciter.

Bricoleur

Notre époque moderne est pleine de machines qui tombent en panne tout le temps : partout quelque chose a besoin d’être installé, réparé ou démoli. Si, par hasard, quelque chose n’a pas besoin d’être réparé, il faut le mettre à jour ou l’améliorer. Toutes les professions liées à la construction et à l’entretien d’installations et de machines physiques sont composées à plus de 90% d’hommes. Dans de nombreux cas, ces emplois pourraient être occupés par des femmes ; néanmoins, à quelques exceptions près, ils n’attirent que des hommes.

Lorsque l’économie s’effondrera, la capacité d’une mère standard (inévitablement une mère au foyer puisqu’elle n’aura plus de travail où aller) à décrocher le téléphone et à appeler un réparateur disparaîtra. Ses choix seront alors de suivre un cours accéléré pour réparer par elle-même, vivre au milieu d’objets ne fonctionnant plus ou demander à son homme de les réparer, et dans ce cas son homme ferait mieux d’être bricoleur.

Beaucoup d’hommes sont naturellement bricoleurs et aiment réparer. Cela commence dès le plus jeune âge : les filles jouent avec des poupées, les garçons avec des machines. De plus, les filles ont tendance à prendre assez bien soin de leurs jouets alors que les garçons les démolissent. Ce n’est pas le résultat de préjugés sexistes : les expériences sur les singes ont montré que de telles caractéristiques ont une base biologique. Briser les objets est important parce que, comme le dit l’adage du vieux bricoleur : « Si c’est pas cassé, je peux pas le réparer. » Beaucoup de connaissances vitales se transmettent de père en fils dans le fait de briser et réparer les jouets.

Mais le fait de pouvoir se balader avec un marteau et un tournevis est loin d’être suffisant pour subvenir à tous les besoins de base d’une famille en matière d’abris, de logement, de chauffage, de lavage, de cuisine, etc. dans un environnement où l’équipement ne peut être remplacé et où les fournitures ne peuvent pas être achetées mais doivent être récupérées dans les environs. Il faut donc faire preuve de talent et d’expertise qui ne se développent pas du jour au lendemain. Les rares hommes qui les possèdent sont certains d’être très demandés, tandis que ceux qui ne les possèdent pas verront leur statut diminuer.

Sens de l’orientation

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les hommes détestent s’arrêter et demander leur chemin ? Et bien, peut être est-ce dû au fait que les éclaireurs doivent trouver leur chemin par eux-mêmes et non pas le demander à quelqu’un. C’est peut-être pour cette raison que les hommes préférèrent perdre du temps et de l’essence pour trouver un chemin par eux-mêmes. Les expériences sur les animaux ont confirmé que la capacité de naviguer dans les labyrinthes varie selon le sexe. Les rats mâles apprennent et se souviennent mieux des labyrinthes que les femelles. Les femelles s’en sortent bien si on leur donne des repères à retenir ; les mâles n’ont pas besoin de telles béquilles parce que ce dont ils se rappellent sont les directions, les distances et les virages.

Lorsqu’une femme étudie le plan d’une ville, il est plus probable qu’elle porte une attention particulière aux noms des rues et des places, et qu’elle essaie de s’en souvenir. Un homme, par contre, est plus susceptible d’essayer de mémoriser le schéma des rues et des intersections et les séquences de virages. Cette capacité de gérer les relations spatiales abstraites s’étend à des choses comme les schémas de câblage et de plomberie et tout autre type de schéma.

Voici un exemple concret : les femmes réussissent souvent très bien en tant que médecins. Aux États-Unis, les étudiants des facultés de médecine sont à 50 % des femmes, mais le pourcentage de chirurgiennes semble définitivement bloqué sous les 10%. Cela s’explique probablement par l’aptitude beaucoup plus élevée des hommes à mémoriser l’information topologique en trois dimensions. Les femmes excellent en anatomie, à l’exception de l’anatomie topologique, que les étudiantes en médecine trouvent souvent difficile.

Après l’effondrement, il deviendra difficile de trouver son chemin. Au lieu d’espaces publics protégés et surveillés, les rues deviendront un labyrinthe parsemé de zones interdites de toutes sortes, d’endroits secrets où tel ou tel objet pourra être troqué ou récupéré, de zones à haut risque où l’on peut se faire agresser ou même tabasser, etc. Les repères ne seront plus fiables et pourront même être installés spécifiquement pour induire en erreur. La distance la plus courte entre deux points sera rarement la plus sûre ; les cartes mentales d’avant devront être jetées et de nouvelles cartes devront être recréées par une série d’essais et d’erreurs.

Protéger

Les hommes ont de meilleures capacités que les femmes à utiliser la violence et à y résister. Ils sont physiquement plus grands et plus puissants ; ils sont plus aptes à supporter de courtes périodes de stress élevé et se rétablissent plus rapidement après les avoir subies ; ils sont plus difficiles à blesser émotionnellement. Les hommes ont également tendance à être mieux habitués à l’usage de la violence. Mais la violence à l’égard des femmes (et, dans une large mesure, entre les femmes) est tabou, ce qui fait qu’il est très difficile pour les hommes de résoudre de manière décisive les conflits avec les femmes et ils ont tendance à éviter les confrontations avec celles-ci et à s’enfermer dans le silence.

La possibilité de recourir à l’usage de la force physique est implicite dans presque tous les conflits entre les hommes. Si vous observez suffisamment de conflits impliquant à la fois des hommes et des femmes, vous remarquerez qu’au fur et à mesure que le conflit s’intensifie, le volume augmente pour les hommes et les femmes, mais la tonalité augmente pour les femmes et diminue pour les hommes. La différence normale de tonalité entre les hommes et les femmes est d’environ une octave, et c’est un signal biologique en ce qui concerne le danger de violence physique. Chez les mâles, un ton plus grave indique souvent que quelqu’un est sur le point d’être agressé physiquement, alors qu’un ton plus aigu est un signe de soumission. Dans les conflits entre hommes et femmes, ces signaux se croisent. Ainsi, dans un environnement dangereux où la violence risque fort d’éclater, l’option la moins mauvaise est que les femmes laissent les hommes régler le problème entre eux.

Dans nos temps modernes, beaucoup d’efforts sont déployés pour réprimer toutes les formes de violence, depuis les bagarres dans les cours d’école jusqu’à la violence domestique. Même la bonne vieille bagarre de bar, à l’ancienne, appartient en grande partie au passé. La violence devient le domaine exclusif de la police et de l’armée. Mais lorsque, après l’effondrement, ces organismes officiels ayant maintenant le monopole de la violence se dissoudront et disparaitront ou alors deviendront des prédateurs, et lorsque des bandes violentes et armées de toutes sortes deviendront banales, l’engagement à rester non violents à tout prix deviendra alors impossible à respecter.

Certaines femmes sont tout aussi capables que les hommes de se protéger ; en général, cependant, elles sont beaucoup plus vulnérables, étant plus petites, plus faibles, peut-être enceintes ou encombrées de jeunes enfants, moins aptes à se remettre d’un épisode de violence et beaucoup plus susceptibles d’être violées. La beauté physique est beaucoup plus importante pour elles, et elles seront beaucoup plus affectées par d’éventuelles cicatrices faciales ou autres défigurations. Les hommes, en revanche, ne sont pas particulièrement incommodés par un nez cassé ou une cicatrice faciale, et peuvent même en récolter certains bénéfices : « Ne jamais frapper un homme laid » est un vieux dicton.

Les hommes recherchent naturellement la sécurité dans l’uniformité. Si deux femmes se présentent à un événement en portant des vêtements identiques, c’est au mieux une honte et au pire un scandale, alors que les hommes se foutent de s’habiller de la même façon et, dans de nombreux contextes, ils ont tendance à adopter un uniforme informel de groupe. Une apparence uniforme et la capacité de se fondre dans la nature est avantageuse : attachez une étiquette à l’oreille d’un zèbre ou teintez-le (pour qu’il devienne plus facilement repérable) et les probabilités sont élevées que c’est lui qui sera mangé par un lion parce qu’il sera plus facile à cibler. L’uniformité est un élément de sécurité, tandis que le caractère distinctif et la diversité sont des marques de responsabilités. Les femmes peuvent acquérir une certaine sécurité en s’habillant comme les hommes du milieu environnant (un stratagème auquel elles recourent souvent dans les sociétés musulmanes).

Il n’est pas nécessaire d’attendre l’effondrement complet pour réaliser les avantages d’avoir un protecteur masculin. Si un numéro d’urgence sonne occupé ou un rapide « Ici les urgences, veuillez patienter ! » suivi d’une interminable musique d’attente, ou si la police ne se montre tout simplement pas parce que vous vivez dans une de ces zones qu’elle considère zone interdite à cause du grand nombre de migrants violents et incontrôlables, alors continuer à compter sur les fournisseurs officiels de services de sécurité peut s’avérer être une mauvaise idée. Les femmes n’ont souvent pas une conscience de la situation qui leur permet d’évaluer le niveau de danger. Une jeune femme pourrait voter en faveur de l’ouverture des portes aux migrants, dont la plupart s’avèrent être des jeunes hommes sexuellement frustrés, puis aller courir dans un parc en portant un pantalon de yoga, sans soutien-gorge et des écouteurs à plein volume, et se faire violer par des gangs. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle pourra faire le lien entre sa politique libérale et ses conséquences bien peu libérales.

Dans nos temps modernes, la relation typique entre un homme et une femme implique le sexe, la camaraderie, la coopération en matière d’éducation des enfants et pour les travaux ménagers et peut-être un soutien financier. Après l’effondrement, le travail de l’homme deviendra de protéger sa femme et sa famille − et sa vie si besoin est. Ce n’est pas un travail qui peut être fait par une femme, car les hommes ne sont pas indispensables alors que les femmes le sont. Les femmes sont limitées par l’âge de procréation et le nombre d’enfants qu’elles peuvent avoir. En général, leur fécondité commence à diminuer après 30 ans. Pour donner naissance à des enfants en bonne santé et les élever, il faut qu’elles soient en bonne santé, saines d’esprit et surtout vivantes. Tout cela fait des femmes une ressource rare. Les hommes peuvent engendrer des enfants tout au long de leur vie adulte, et un homme peut engendrer des centaines d’enfants ; ainsi, les hommes ne sont pas une ressource rare.

Le nombre d’hommes disposés à risquer la mort pour protéger leurs femmes varie d’un endroit à l’autre. Ils étaient rares lors du fameux incident du Nouvel An à Cologne, lorsque des migrants ont attaqué les femmes locales pendant que les hommes locaux restaient les bras croisés, mais ils étaient certainement à portée de main à Mourmansk, où tous les migrants qui avaient traversé, venant de Norvège et harcelé les femmes locales dans une boîte de nuit ont été si durement frappés que beaucoup d’entre eux se sont retrouvés à l’hôpital. Mais que ces hommes soient une ressource rare ou non, ils sont certainement une denrée précieuse et requièrent beaucoup d’appréciation et de tolérance de la part des femmes qui acceptent gracieusement leur protection.

Les sociétés peuvent subir la perte d’un grand pourcentage de la population masculine et pourtant se rétablir. Pour que ce rétablissement devienne possible, ils doivent gagner. S’ils perdent, alors d’autres hommes prendront la relève, les jeunes seront appelés à saluer le drapeau des vainqueurs, à parler la langue des vainqueurs et à adorer les dieux des vainqueurs, et la culture vaincue mourra. Et il est possible de reconstituer rapidement la population masculine. Tout ce qu’il faut, c’est que les couples attendent l’ovulation pour avoir des rapports sexuels. La masse inférieure du chromosome Y par rapport au chromosome X rend les spermatozoïdes mâles plus rapides pour atteindre l’ovule. Cette astuce fait passer le ratio hommes-femmes de 50-50 à 65-35. Avoir des rapports sexuels avant l’ovulation permet aux spermatozoïdes mâles et femelles d’être à égalité et annule l’avantage de la vitesse.

Approvisionner

La situation décrite ci-dessus est peut-être déjà typique de la Suède contemporaine qui, grâce aux migrants, est aujourd’hui le pays au taux de viol le plus élevé d’Europe. Au cours d’un effondrement total, quand des cadavres pourrissent dans les rues et qu’ils sont éliminés par les rats et les chiens sauvages, la meilleure stratégie de survie peut consister à laisser les femmes et les enfants confinés à la maison pendant que les hommes sortent et font tout ce qui doit être fait, qu’il s’agisse de faire un travail manuel, se battre au milieu d’une foule pour arracher de l’aide humanitaire à l’arrière d’un camion, acheter, vendre, troquer, etc.

Dans un environnement dangereux, où de nombreuses interactions et transactions comportent la menace implicite de devenir violentes, il devient imprudent, du point de vue de la survie du groupe, de laisser les femmes s’aventurer et se débrouiller seules. Les hommes, qui sont moins indispensables et, idéalement, un peu plus robustes et énergiques, sont beaucoup mieux adaptés pour ce rôle.

Être le chef

Ce rôle peut susciter une certaine controverse, mais son intérêt est assez simple : pour remplir fidèlement les quatre autres fonctions clés, les hommes doivent se sentir responsables. Notez que j’ai dit « doivent se sentir » plutôt que « doivent être ». Le processus décisionnel proprement dit peut être collaboratif et coopératif, mais l’homme doit avoir le dernier mot ou rien d’utile n’en sortira. Il y a trois très bonnes raisons à ce phénomène.

Selon l’oncle Ben de la BD Spiderman, « à grand pouvoir, grande responsabilité ». Inversement, s’il n’y a pas de pouvoir, il n’y a pas de responsabilité et un homme privé de tout pouvoir est pratiquement assuré d’agir de manière irresponsable. Ce n’est pas le cas des femmes, qui sont souvent désireuses de plaire et d’exister en harmonie avec leur entourage, et qui craignent la désapprobation. Le fait d’être privées de tout statut et de tout pouvoir tend à les rendre déprimées plutôt que désobéissantes. Ainsi, les femmes n’ont pas besoin d’avoir le pouvoir pour agir de façon responsable, même si cela aide certainement.

La différence peut être observée chez les garçons et les filles dès l’âge de deux ou trois ans. Les filles se comportent bien, ou au moins mieux, parce qu’elles veulent plaire. Les garçons peuvent bien se comporter parce qu’ils veulent plaire aux autres, mais si cela ne fonctionne pas, alors ils feront ce qu’ils veulent, parce qu’il est important pour eux d’être obstinés et de faire ce qu’ils veulent. Un garçon écoutera typiquement maman et papa à condition que papa ait le dernier mot. Si maman a le dernier mot, alors papa est plus susceptible d’inspirer pitié plutôt qu’obéissance ou respect.

Un homme qui ne se sent pas maître de sa propre famille a peu de chances d’obtenir le respect des autres hommes, ce qui rend la situation dangereuse pour la femme : si son homme n’est pas respecté, elle le sera encore moins. Ceci est particulièrement important lorsqu’il s’agit de contrôler les jeunes hommes. Une grande partie du problème des migrants qui tournent mal, actuellement en Europe de l’Ouest, c’est qu’ils sont surtout des hommes jeunes, d’âge militaire, mais où sont leurs officiers − pour les former, les discipliner et leur donner des ordres ? Les rares hommes plus âgés parmi eux sont soit de statut tout aussi bas, soit tentent d’acquérir un statut en devenant des insurgés, des radicalisateurs et des corrupteurs de la jeunesse. Le respect masculin est un bien précieux.
Un homme faible qui est méprisé et dominé par sa femme est complètement inutile, tandis qu’un homme faible qui jouit au moins de l’apparence d’obéissance inconditionnelle de sa femme peut être capable de cacher sa faiblesse assez bien pour que les deux puissent survivre.

Telles sont donc les principales fonctions d’un homme déterminé à survivre après l’effondrement : réparer les choses lorsqu’elles sont cassées ; naviguer dans le dangereux environnement post-effondrement ; aller de l’avant et se procurer tout ce dont il a besoin pour survivre ; garder les jeunes hommes en droite ligne ; et protéger sa famille, au prix de sa propre vie si besoin. Il peut avoir d’autres choses à faire, viriles ou moins viriles, mais celles-ci sont facultatives. Que devrait-il obtenir en retour d’une femme qui est tout aussi déterminée à survivre après l’effondrement ? Eh bien, à peu près tous les conforts et les plaisirs qu’une vie de famille peut procurer, j’imagine, mais le plus important peut-être, c’est beaucoup de déférence et de respect pour sa volonté de faire face au danger et son abnégation à faire le sacrifice ultime.


Les cinq stades de l'effondrement 

Dmitry Orlov

Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

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