samedi 18 juillet 2015

Qu'est ce qui ne va pas avec notre système monétaire et comment le résoudre ?

Article original d'Adrian Kuzminski, publié le 14 Juillet 2015 sur le site ClubOrlov
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Note du traducteur

Aujourd'hui Dmitri Orlov laisse la parole à Adrian Kuzminski qui nous parle de la création monétaire. Si vous ne connaissez pas le sujet, si vous pensez que les banques distribuent le crédit à partir des dépôts bancaires, laissez tomber tout le reste, il est temps d'investir en priorité sur le sujet.. Si on parle de complots, c'est le complot des élites contre les peuples. La mise en esclavage par la dette avec la participation volontaire de nous tous. Il est donc très intéressant et significatif de voir que Dmitri Orlov a une très bonne connaissance de ce sujet ultra sensible, la pierre angulaire du Système. A la fin de l'article, je vous propose de découvrir quelques liens complémentaires et un artiste atypique de la vulgarisation de la chose monétaire.

 

Quelque chose est profondément mauvais dans notre système financier mondial. Le pape François est seulement le dernier à sonner l’alarme : "Les êtres humains et la nature ne doivent pas être au service de l’argent. Disons non à une économie de l’exclusion et des inégalités, où l’argent règne, plutôt que de rendre service. Cette économie tue. Cette économie exclut. Cette économie détruit la Terre-Mère". Pape François.

 

Ce que le pape appelle «une économie de l’exclusion et des inégalités, où l’argent règne» est largement évident. Ce qui est moins clair est de savoir comment nous en sommes arrivés à cette situation, et ce qu’il faut faire à ce sujet.

La plupart des gens prennent notre système monétaire pour acquis, et sont choqués d’apprendre que ce n’est pas le gouvernement qui crée l’argent. Il est presque entièrement créé par des prêts, sortis du néant sous forme d’écritures comptables par les banques privées. Pour ce tour de passe-passe, les banques facturent des intérêts, et se font un joli profit sans pratiquement rien faire. La monnaie imprimée par le gouvernement – pièces et billets – est quantité négligeable en comparaison [Rapport de 1 à 10, NdT].

L’idée de donner aux banques privées un monopole sur la création monétaire
remonte au XVIIe siècle en Angleterre. Le gouvernement britannique, dans un marché faustien, a accepté de permettre à un groupe de banquiers privés d’assumer la dette nationale comme garantie pour l’octroi de prêts, confiants que l’État serait en mesure de payer les intérêts de la dette sur le dos des contribuables. 

Et rien n’a changé depuis. Alexander Hamilton admirait beaucoup ce régime, qu’il a appelé le système anglais, lui et ses successeurs ont finalement été en mesure de l’établir aux États-Unis, et par la suite dans la plupart des pays du monde. 

En savoir plus La guerre des monnaies de Hong Bing Song aux éditions Le retour aux sources 

Mais l’argent est trop important pour être laissé aux banquiers. Il n’y a aucune bonne raison de donner à un groupe privé le monopole lucratif de la création de l’argent. La création monétaire devrait être le service public que la plupart des gens croient à tort qu’il est. En outre, la création monétaire privatisée permet à un petit nombre de grandes banques et d’institutions financières non seulement d’en profiter en faisant simplement des écritures comptables, mais de diriger l’investissement global dans l’économie vers les entreprises de leurs copains du Big Business, et non pas vers le grand public. 

Les gens ordinaires peuvent obtenir le financement dont ils ont besoin seulement en échange de conditions écrasantes, sinon ruineuses, les rendant esclaves de leur dette, alourdie par des prêts hypothécaires, des prêts étudiants, des prêts automobiles, des soldes de carte de crédit, etc. Les intérêts extraits de ces prêts alimentent la machine de l’investissement privé de la finance à Wall Street, représentée par l’ultime catégorie de créanciers : le fameux 1%. 

Les principales critiques à faire au système financier privatisé émanent de deux sources : les goldbugs [voir ici, NdT] et les défenseurs d’un système bancaire public. Les goldbugs voudraient nous faire revenir à l’étalon-or, faire de l’or notre monnaie. Le problème est que cela deviendrait presque impossible d’emprunter de l’argent, car la quantité d’or qui pourrait être mise en circulation est relativement minuscule et inélastique. Il n’y a aucun moyen facile d’élargir l’offre d’or dans le monde. 

Le crédit – la capacité d’emprunter de l’argent – est vitale pour toute économie. Si nous ne pouvons pas emprunter pour investir – routes et infrastructures, logement, entreprises, hôpitaux, éducation, etc. – alors nous ne pouvons pas financer les services essentiels. À cette fin, nous avons besoin d’une masse monétaire élastique. 

Les défenseurs d’un système bancaire public comme Stephen Zarlenga et Ellen Brown apprécient le besoin de crédit. Leur objectif est de transférer le monopole de la création de celui-ci du secteur privé au mains des pouvoirs publics. Malheureusement, il n’y a aucune garantie que cette forme progressiste de financement de l’État serait mieux que le financement privé. 

Si nous avions un gouvernement véritablement démocratique et redevable de comptes au public, un tel système pourrait fonctionner. Mais, de fait, les gouvernements aux États-Unis et dans les pays les plus développés sont des oligarchies contrôlées par des intérêts particuliers. Une banque centrale publique, sans une révolution politique, serait susceptible de favoriser les entrepreneurs liés au gouvernement et continuerait à pressurer les emprunteurs avec le paiement des intérêts, maintenant censément dirigés vers le bien public. 

Ceci n’est curieusement pas sans rappeler le système de l’ancienne Union soviétique et de la Chine d’aujourd’hui, où une nomenklatura  politique finit par prendre les commandes pour s’enrichir elle-même. Notre système actuel de financement privé centralisé, ainsi que la proposition progressiste de finances publiques centralisées, ne sont que des versions jumelles d’un contrôle financier du haut vers le bas par une élite. 

Heureusement, il y a un autre modèle disponible. Il y a une longue tradition en Amérique, en commençant par la résistance coloniale au système anglais, et passant par les anti-fédéralistes, les jeffersoniens, les jacksoniens, et les populistes de l’après-guerre civile. Cette tradition est opposée à toute sorte de banque centralisée en faveur d’un système de délivrance décentralisée de l’argent. 

L’idée qu’ils ont développée est d’interdire toute espèce de banque centrale, publique ou privée et, à la place, d’avoir de la monnaie émise exclusivement localement sur la base d’une bonne garantie pour les particuliers et les entreprises. C’est une approche du bas vers le haut. La priorité est donnée aux citoyens et aux entreprises locales, qui peuvent obtenir des prêts sans intérêts auprès de banques publiques de crédit locales pour financer ce qu’ils doivent faire. 

Un tel système devrait être réglementé publiquement pour garantir des normes justes et uniformes de prêts au niveau local. Ce serait, en ce sens, un système bancaire public. L’absence d’une autorité de délivrance centralisée, cependant, devrait prévenir de toute concentration du pouvoir financier, public ou privé. 

Tout système de contrôle financier privé ou public, du haut vers le bas, présuppose une sorte de contrôle par les élites, qui peut être qualifiée de planification centrale, que ce soit dans les salles de conseil d’administration d’entreprises ou dans les bureaux des agences gouvernementales, ou dans une combinaison des deux. Une lecture de l’histoire suggère que cette prise de décision de haut en bas est inévitablement égoïste, déformée, et contre-productive socialement. 

En effet, qu’il soit public ou privé, c’est l’amour de l’argent, surpondéré par la finance centralisée qui crée l’économie de l’exclusion et des inégalités que dénonce le pape François. 

Le système décentralisé populiste de financement fonctionnerait sans planification centrale. Au lieu de cela, d’innombrables décisions locales sur les prêts et la solvabilité fonctionnerait comme une véritable main invisible de la finance, qui serait auto-régulée. L’amour de l’argent ne trouverait plus aucun moyen de décupler sa puissance. Au lieu de cela, il serait dispersé parmi toute la population, comme il se doit, sans frais d’intérêts écrasants, pour le bénéfice de tous. 

Adrian Kuzminski  dans une ferme dans le nord de l’État de New York, il est l’auteur de The Ecology of Money: Debt, Growth and Sustainability and Fixing the System, A History of Populism, Ancient & Modern, parmi d’autres œuvres.


Notes du traducteur

Et comme le dirait mon ami Gérard Foucher, le pouvoir de création monétaire, c’est le pouvoir de préempter l’avenir, le pouvoir de Dieu. 

C’est également donner à une matière inanimée, l’or, la capacité propre à la vie de se reproduire, encore un attribut divin. 

Retrouvez Gérard Foucher sur sa chaine Youtube https://www.youtube.com/user/GerardFoucher75018 ou il vulgarise la création monétaire avec des mini-shows plein d’humour. 

Le secret de la monnaie en une  minute chrono : https://www.youtube.com/watch?v=JD4BlM9G-nQ

La destruction de la monnaie : http://youtu.be/8ZQsWb-Jm3s

La relation monnaie / or : http://youtu.be/LyNTg83kmTk?list=UUQd75ZLzUNxB5-nkbKmxvmA – 31’24

Enfin voici un dessin animé sur l’argent dette de Paul Grigon : https://www.youtube.com/watch?v=mM9WbKkaePQ

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